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L’encore aveugle
Oratorio pour chœur, solistes et orchestre.
(CM, SATB, SATB solos, Soprano, alto, récitant et orchestre)
Textes en français. 1 h 15 mn. Moyen.
Commande de la Région Champagne-Ardenne,
création en mai 2007, chœurs des lycéens de Troyes, Reims et Charleville-Mézières,
sous la direction de Patrick Allais, Nicolas Pattier, et Gérard Thiriet.
Un document sur l'œuvre et le travail avec les lycéens a été édité par le
Centre Régional de Documentation Pédagogique. Il contient un livret avec
quelques textes présentant le projet, et un CD avec des extraits du concert
qui a été donné à l'auditorium du Conservatoire de Reims. Ce document est
disponible auprès de www.crdp-reims.fr
Titres des pièces chorales :
Une hâte mystérieuse,
Nous nous étions fait don,
Nous ne nous voyons plus,
Plus de chemin pour nous.
Comment aborder la Transcendance, sans passer par aucune religion ? En évacuant
les réponses, de quelque nature qu’elles soient (citations de textes dits«
sacrés », dogmes…) ? Et comment chanter à partir de ce « lieu commun » du seul
questionnement, lieu où certes, toute parole de dialogue est alors possible,
puisque le champ d’investigation est ouvert, mais où les références « classiques
» de ce type d’ouvrage, comme le psaume, dont la foi manifeste est propice au
lyrisme vocal, que ce soit en soliste ou en choeur, font cruellement défaut ?
J’ai été frappé dès la première lecture par ceux des textes d’Yves Bonnefoy qui
abordent cette question de la manière que je viens de décrire, et la courte
histoire des planches courbes, où les deux personnages, l’enfant comme l’adulte,
sont aussi seuls, aussi abandonnés l’un que l’autre, illustre bien les
interrogations de notre société, attendant du fond de l’univers même une réponse
qui ne vient toujours pas. À cet égard, j’aurais pu me contenter, dans la
musique, d’un lyrisme contenu, voire absent lui aussi. Mais je ne souhaitais pas
risquer la désespérance. Pourquoi ne pas user du lyrisme comme de ce qui
permettrait, non de transmettre, mais de susciter l’Énergie ? Celle de la parole
tenue, soutenue par le chant. Celle de l’acte de la représentation du monde dans
le temps du spectacle, par-delà Vie et Mort. Celle, enfin, de la proximité au
public, dans un partage de la parole, qui ainsi redevient créatrice.
Ce collectage de textes est le fruit d’une longue recherche, nourrie par une
fréquentation quasi quotidienne de la poésie d’Yves Bonnefoy. Les poèmes sont
ici intégralement retranscrits, tout en étant placés dans un contexte qui
n’était pas le leur au départ. La seule modification a été de couper la courte
histoire des Planches Courbes en son milieu, et d’en faire ainsi l’écrin de
l’oratorio, en même temps que sa métaphore. Dans cette perspective, le cymbalum,
qui accompagne seul le récitant, improvise à partir des éléments qui structurent
la partie centrale de l’oeuvre, en les utilisant au départ de manière
fragmentée, discrète, comme une annonce progressive, et dans la conclusion de
manière transformée, comme si l’histoire ne s’arrêtait pas au dernier silence.
Quelques notes, auxquelles j’attache une valeur symbolique, servent d’ancrage
aux voix (sol pour la terre, si bémol pour l’humanité, do et do dièze pour le
divin…). Une série de 12 sons est présente en filigrane, accompagnée le plus
souvent de sa forme en miroir (inversion du sens des intervalles), image de la
ressemblance de l’humain au divin (commençant par B.A.C.H., c'est-à- dire le
mélisme si bémol, la, do, si bécarre, sa forme première est aussi un discret
hommage au compositeur de passions et de cantates, souvent considéré comme un
dieu de la musique…). La jeune théologienne, dans sa quête éperdue du divin,
utilise fréquemment l’intervalle de quarte augmentée, appelé autrefois «
diabolus in musica », et semble le maîtriser sans difficulté… Les interventions
humaines se font le plus souvent sur des rythmes binaires, qui deviennent
ternaires à mesure que l’on approche de l’intervention divine. Celle-ci impose
dès son entrée un tempo plus lent, un étirement du temps, bien que, lointain, un
cœur continue de battre. Les tessitures se déploient peu à peu durant
l’oratorio, mais c’est seulement à l’extrême fin que chacun aura conquis la
totalité de son ambitus sonore, après la mort pour les humains, et dans son
dernier chant, au moment de dire "Je suis...", pour Dieu.
L’essentiel de mes recherches de ces dernières années portait sur l’élocution
chorale, c’est-à-dire tout ce qui peut, dans l’écriture du chant, concourir à
une meilleure compréhension du texte par le public : une attention extrême à la
prosodie, un usage restreint des tessitures élevées, un recours prudent au
contrepoint, notamment à partir de trois voix, etc. Pour avoir beaucoup écouté
Yves Bonnefoy lire ses propres textes, je peux dire que le caractère très
intériorisé, aux accents souvent dramatiques, de sa vocalité m’a certainement
influencé.
Première partie
1)Les planches courbes(I)
Récitant et cymbalum
2)L'encore aveugle(I)
Soprano et orchestre
3)Choeur I
"Une hâte mystérieuse..."
4)L'encore aveugle(II)
Soprano et orchestre
5)"Éloigne-toi..."
Soprano, choeur et orchestre
Entr'acte
Seconde partie
Introduction orchestrale
1)L'or sans visage(I)
Soprano et orchestre
2)Choeur II
"Nous nous étions fait don de l'innocence..."
3)L'or sans visage(II)
Soprano et orchestre
4)Choeur III
"Nous ne nous voyons plus dans la même lumière..."
5)L'or sans visage(III,1)
Contralto, choeur et orchestre
6)"Il est la terre..."
Soprano et orchestre
7)L'or sans visage(III,2)
Contralto et orchestre
8)Choeur IV
"Plus de chemin pour nous..."
9)"Je suis..."
Contralto et orchestre
10)Les planches courbes(II)
Récitant et cymbalum
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