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CD Sur la terre simple

— mai 2009

Œuvres pour chœur de chambre ou ensemble vocal a cappella

Ce recueil musical est avant tout un parcours poétique, dans lequel les thèmes de la mort, du « passage », et du renouvellement de la Vie, sont le véritable lien entre les œuvres, en dehors des particularités de l’écriture musicale ou de l’interprétation, que je laisse à l’appréciation de l’auditeur.Un étranger, avec, sous le bras, un livre de petit format, est une œuvre sur la Rencontre, la confrontation à l’Autre, avec pour livret une série de courts textes en français d’Edmond Jabès, mis en correspondance avec leur propre traduction en espagnol (dûe au grand poète José-Angel Valente). « L’étranger te permet d’être toi-même, en faisant, de toi, un étranger », tel est le motif principal des quelques phrases que j’ai collectées pour l’évocation d’une rencontre entre deux chœurs au départ antagonistes, et qui peu à peu découvrent leurs ressemblances : « je n’ai de certitude qu’un cœur qui bat, et qui bientôt ne battra plus ». La parure éphémère est constituée de quatre poèmes d’Yves Bonnefoy empruntés au recueil Début et fin de la neige. Elle fait intervenir un récitant tout d’abord, accompagné par des chants lointains, avec pour décor la neige, sa pureté, ce qu’elle a de fragile aussi, de fugitif (« à ce flocon qui sur ma main se pose… »), et nous amène devant une de ces sculptures où la Vierge est représentée avec l’humanité se protégeant dans les plis de son manteau. Cette image se prolonge avec la voix d’une récitante (la « Madone » ?) : « tu vas, le cœur battant, dans la grande neige ». Under en sten, sur des textes en danois d’Inger Christensen, reconstitue un dialogue entre l’auteure et son défunt mari. Il est vrai, néanmoins, qu’elle seule, vivante, parle, et que par la musique je transforme son monologue en rêve d’un dialogue avec l’au-delà, parfois extrêmement tendu. The invisible kingdom, sur des textes en anglais de Kathleen Raine, replace peu à peu le drame de la mort dans les cycles de la Vie, du brin d’herbe au cosmos, et cherche un apaisement dans l’injonction finale, tranquille et joyeuse, à désirer le perpétuel changement. Enfin, point d’aboutissement du parcours, les Élégies romanes sont un recueil de cinq pièces, dans cinq langues romanes : en portugais (Sophia de Mello Breyner), français (Yves Bonnefoy), roumain (Lucian Blaga), italien (Daniela Attanasio), espagnol (José-Angel Valente). La traversée de la mort est ici clairement évoquée, le langage musical plus âpre que dans les œuvres précédentes. L’expression dramatique des textes s’en trouve renforcée, les contrastes apparaissant plus vifs entre chacun des « mouvements ». Le dernier poème, Aparicion del pajaro, évoque la transformation du corps, sans que l’on sache in fine de quelle forme de survivance il s’agit.

Mai 2009

Solistes du chœur Mikrokosmos, direction Loïc Pierre.

CD « Sur la terre simple », Label Inconnu LI 09-0301, Label Inconnu ® et Carmen-Forté, distribution Codæx

 

 

Extraits audio

  • Un étranger, avec, sous le bras ...
  • La parure éphémère, 1
  • La parure éphémère, 2
  • La parure éphémère, 3 (Madone de miséricorde)
  • La parure éphémère, 4
  • Under en sten
  • The Invisible Kingdom, Spell of Creation
  • The Invisible Kingdom, The Unloved
  • The Invisible Kingdom, Purify
  • The Invisible Kingdom, Teleology
  • The Invisible Kingdom, Change
  • Elégies romanes, Caminho
  • Elégies romanes, Sur la terre simple
  • Elégies romanes, Îngenunchiez ...
  • Elégies romanes, Verso la nudita
  • Elégies romanes, Aparicion del pajaro