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A propos de la reprise des Lessiveuses

à la maison des Métallos le 23 mai 2015

Sur le site Hottello

… La création des Lessiveuses est une commande du ministère de la Culture au compositeur et pianiste Thierry Machuel, initiateur de l’ensemble instrumental et vocal « Territoires du souffle », dont le travail explore l’art choral et les textes contemporains. Le musicien, versé aussi dans les textes de témoignages, les écrits de Résistants ou de détenus, reste à l’écoute du travail de Yamina Zoutat, chroniqueuse judiciaire, auteure du film documentaire Les Lessiveuses.

Sa version pour le théâtre lyrique, sous la direction musicale de Pierre Roullier, est mise en scène par Christian Gangneron : soit l’aventure audacieuse d’une rencontre entre deux folies, celle de la mère et celle de la prison.Ce territoire scénique balisé recèle les qualités à la fois d’un quotidien sordide et d’un rêve personnel, entre passions et énigmes existentielles, entre espoir lancinant de sortie et sentiment d’oppression et de privation.Les mères se font la chambre d’écho sonore et symbolique des attentes et désirs de leurs enfants sanctionnés, brimés, empêchés et enfermés.

La proposition est subtile, à voir et entendre la qualité des interprètes musicaux – instruments et voix -, Claudine Le Coz et Muriel Ferraro, Pierre-Stéphane Meugé, Pierre Cussac, Stéphane Puc et le talent scénique de la comédienne Coco Felgeirolles qui sait aussi chanter.Les trois femmes se tiennent avec modestie et dignité sur le plateau, un grand sac de linge à leur côté, unique bouée de survie, don modeste.Ces femmes ne rêvent guère et se parlent peu, attendant leurs dizaines de minutes hebdomadaires passées au parloir avec leur fils emprisonné.Comme toutes les mères, elles vivent sans le savoir un courage sacrificiel – un amour gratuit non payé forcément de retour.Et même si l’excès sentimental provoque l’ironie, ces effusions de la mère souffrante – La Mater dolorosa – suscitent toujours la vénération.

Dans la musique de ce bel opéra contemporain, les trois grâces intériorisent avec force le châtiment filial, tentant d’entrevoir la lumière.Elles sont ad vitam aeternam ce rayon de soleil qui se lève chaque jour.

Véronique Hotte