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Chorus Line n°9 à Radio France : 3 M, 2 chœurs et 1000 bravos

Le 29/05/2021 Par Frédérique Epin

Le Chœur de Radio France célèbre la reprise de ses activités en public et de sa série Chorus Line dans un concert a cappella d’œuvres de Darius Milhaud, de Frank Martin et d’une création de Thierry Machuel.

Chorus Line, série de concerts impulsée par la cheffe de chœur Martina Batič et consacrée à la musique vocale a capella a dû annuler plusieurs concerts en raison de la crise sanitaire mais offre ce neuvième événement dans la série, un rescapé de la saison 2020/2021. Face à cette crise particulièrement sévère pour les chanteurs choristes (qui, de par leur activité, cumulent plusieurs risques potentiels : le chant et le collectif), la joie de pouvoir se produire de nouveau devant le public n’empêche ni la prudence ni la responsabilité, et les trente-huit choristes conservent même le masque tout le long du concert. 

La composition du programme montre une grande cohérence et, au-delà des trois M (Milhaud, Machuel et Martin), présente des entrées communes dans l’acte de création. Les trois hommes mènent parallèlement une activité de pédagogue et de compositeur, et ont contribué à élargir le répertoire vocal par le nombre d’opus qu’il y ont consacré. Leur choix de la voix est lié à l’attention qu’ils portent aux textes littéraires, choix précédant souvent le geste de création. Darius Milhaud compose Les deux cités sur des poèmes de Paul Claudel dont il était l’ami. Attiré d’abord par le texte, Frank Martin choisit de composer une Messe (à double chœur) et Thierry Machuel explique ainsi son choix littéraire pour À l’humaine poésie (commande de Radio France en création mondiale) : « La poésie de Bonnefoy me nourrit quotidiennement depuis plus de vingt ans ». 

Machuel confie le texte d’À l’humaine poésie alternativement aux différents pupitres, les autres créant un tissu sonore constitué de sons bouche fermée, de voyelles tenues ou encore de fragments de textes répétés rapidement, faisant entendre la musique des consonnes. Sa vigilance quasi obsessionnelle au texte et à son importance lui font ainsi décrire : « le sentiment d’une perte dans le langage, qui irait même en s’aggravant, comme en avant d’une destruction plus générale, et contre quoi la poésie, seule, aurait encore quelque pouvoir. »

Le public ne contenant pas son enthousiasme en applaudit même au milieu de la Messe, salue un technicien du son venu régler des micros (à son grand étonnement) et ovationne les artistes à la fin du concert.